Bonjour à tous,
Aujourd'hui je vais vous parler de la déambulation des gens désorientés, plus particulièrement ceux atteints de la maladie d'Alzheimer mais aussi à certaines autres pathologie apparentées.
Cette déambulation est souvent mal tolérée par l'entourage. Les allées et venues incessantes d'un malade désorienté en structure ou chez lui dans son espace de vie, sont à l'origine de stress de la part de son entourage. Le risque de chute, la possibilité qu'il part à l'extérieur sont un réel souci. Comment faire ? quoi faire ?
En structure, c'est à dire en EHPAD, 65 % des malades désorientés hébergés déambulent dans un but précis...ou pas. Ils sont 39 % à déambuler à domicile.
La perte des fonctions intellectuelles est responsable d'une multitude de disfonctionnements. Le sens de l'orientation dans le temps et dans l'espace est touché immanquablement au fur et à mesure que la maladie progresse.... Le désir de se déplacer est alors motivé par des impulsions (rendre visite à un proche, sentiment d'insécurité, ennui, envie de retrouver sa maison) ces causes sont souvent inconnues de l'entoruage et régulièrement oublié par le malade lui-même. La menace est alors elevée de s'égarer (parfois à quelques mètres de la maison) ou de se retrouver en situation inadéquate : sortir sans être correctement, vouloir faire ses courses à minuit)
Nous avons actuellement 2 résidantes en ce moment qui sont motivées à repartir à l'extérieur. L'une souhaite aller voir son mari au cimetière et retourner dans sa maison qu'elle avait mais il y a ..30 ans ! Maison qui bien evidemment est habitée par d'autres personnes depuis longtemps. L'autre dame, elle, souhaite rejoindre son mari, toujours en fin d'aprés-midi. Elle est inquiète, regarde son bras (où il est supposé d'avoir une montre) puis nous dit "oh la la mon mari va m'attendre il faut que j'y aille !!" et elle n'a qu'un objectif à ce moment-là, partir de l'établissement.
Quoi faire me direz-vous ?
Le risque encouru par le malade est vécu comme une énorme source de stress pour les aidants ou les soignants. De plus, le fait de voir la personne toujours en"marche" toujours prête à partir, ne pas tenir en place, monter et descendre les escaliers, aller et venir peut mettre l'entourage "à cran" du coup, notre faciès se crispe et la malade le ressent, vous pensez bien que nous ne sommes pas aidant pour eux lorsque nous sommes comme ça... Pourtant l'entourage est déterminant, en fournissant constamment des informations permettant de mieux se repèrer dans le temps et l'espace, on rassure et on calme et surtou on essait de détourner l'attention par une autre conversation.
Mes collègues ont amèné la 1ère dame au cimetière a plusieurs reprises, ce qu'il l'a contenté mais maintenant son objectif est de revenir chez elle (elle est en conflit avec une autre résidante en ce moment ce qui a majoré son souhait de partir chez elle de manière importante) Mes collègues surveillent ses mouvements, et lorsqu'elle part, nous la suivons de loin puis elles se rapprochent d'elle et font un bout de chemin ensemble. Puis au bout de 20 minutes de marche, la dame souhaite revenir "chez elle", nous l'accompagnons donc à revenir à l'EHPAD puis elle semble apaiser.
Je ne vous cache pas que ceci prend du temps et c'est loin d'être simple à organiser, que nous pourrions utiliser la contention mais ça ne serait pas apaisant pour elle, bien au contraire. On ne doit pas attacher les gens mais discuter avec...
Pour améliorer le bien être du malade, il faut adapter le monde à son fonctionnement et non le contraire.
Alors que peut-on faire ???
1) Aménager autant que possible, une zone beu bruyante, bien éclairée, bien sécurisée (pas de tapis pas de fils électriques au sol)
2) La personne souhaite marcher ? Et bien marchons un peu avec la personne (même si nous ne ressentons pas cette envie à ce moment là) et profitons en pour discuter avec elle, l'aider à se ré orienter. Des promenades dirigées dans la maison, le jardin ou même le quartier proposées très régulièrement, suffisent souvent à répondre à un vrai besoin et à détendre l'atmosphère
3) Ne pas les obliger à rester assis et surtou éviter la contention : plus on l'empèche, plus on exacerbe le besoin de se déplacer.
4) Rythmer les journées : lever, toilette, repas, activités.
5) Proposer des activités ludiques ou artistiques en fonction des passions de la personne, lutter contre l'ennui.
6) Traiter l'anxièté voir la dépression, qui sont à l'origine de bon nombres de troubles du comportement. Il n'y a pas de médicaments contre la déambulation et tout ce qui "calme" augmente le risque de somnolence et donc de chutes !
7) Maintenir ou retrouver le rythme veille/sommeil (activités tonqiues le matin, relaxation en fin d'aprés-midi)
Chaque malade est différent et possède sa propre histoire. La meilleure façon de l'aider est de s'en souvenir. Ceux qui aident et/ou soignent doivent développer le sens de l'observation et de l'analyse.
Ils ont besoin de marcher, parfois d'exprimer une anxiété en marchant, laissons les faire et accompagnons les plutôt....
J'espère que cet article vous aidera de manière générale ou bien personnellement.
Je vous souhaite une belle journée !
Lucie